On parle encore d'elle comme un fléau. La « Troisième Guerre », disent péniblement ceux qui osent prononcer ces mots. Le 21e siècle a été le théâtre sordide de la troisième guerre mondiale, mais tout est allé trop loin, trop fort. Trop de bombes, trop de chimie, trop de pertes.

Plus que ne pouvait en supporter la Terre déjà bien tolérante à notre égard. Alors tout à changé : le ciel s'est embrasé, puis couvert, le sol a tremblé, puis tout s'est figé, des décennies après. La population mondiale est passée de 8 milliards à moins d'un milliard, milliard qui essaie tant bien que mal de survivre dans un monde devenu hostile à sa présence. Il n'est plus question de démographie, de culture intensive, de marketing, de vente ou de brasser de l'argent. L’ère glaciaire intervenue à modifié les priorités, certains disent que c'est pour notre plus grand bien. Les villes ne sont plus que des fantômes, et ceux qui ont survécu ont modelé une société bien plus en phase avec son époque. Le mot d'ordre était la survie, tout le monde s'est adapté à ce froid intense qui sévit sur terre, même si ces dernières années les températures semblent plus clémentes. Tout était à reconstruire : alors les survivants se sont employés à reformer une société discrète et plus adaptée. Les plus vigoureux ont travaillé à construire de nouvelles villes, intégrées dans les montagnes ou cachées dans les déserts de glace, les autres se sont employés à faire régner un certain ordre, relatif selon les endroits du globe où ces populations éparses vivent. La sédentarisation des siècles passés a laissé place à un mode de vie plus nomade, où il faut de nouveau aller chercher sa nourriture au lieu de se contenter d'aller au supermarché le plus proche. Des rôles primaires ont alors commencé à se définir : ceux qui ramenaient les vivres, ceux qui les partageaient et jouaient le rôle de médiateurs pour éviter plus de débordements que ce qu'on créé ces derniers années, et ceux qui construisaient des arbres et des armes pour se défendre des quelques pilleurs qui persistent.

Les espèces vivantes sur Terre sont soit disparues, soit acclimatées à ce froid. Les reptiles ont eu énormément de mal à survivre, les animaux domestiqués sont largement plus robustes et résistants, et les oiseaux peinent à survivre encore aujourd'hui.

Ceux qui ont persisté à continuer un calendrier commun et universel prétendent qu'on se trouve en l'an 2105. Les autres se fichent pas mal de la date qu'il est, puisque les travaux sont désormais différents, et que chacun est son propre maître.

La Terre paraissait trouver un nouvel équilibre, encore fragile.

Puis un jour, une sorte de tremblement anima les terres froides de notre planète. Un vrombissement d'abord sourd, puis une explosion de lumière, vers le pôle Nord -du moins, ce qu'on peut encore en observer. On raconte que l'apparition des premières aurores boréales depuis la Troisième Guerre a coïncidé avec l'apparition mystérieuse d'un dragon-père, appelé Le Premier. D'après les légendes, que personne n'est capable de vérifier, le Premier est arrivé sur terre de façon inexpliquée, certains racontent que c'est sans doute une mutation génétique d'un lézard à cause des restes radioactifs des bombes atomiques de la Troisième Guerre, d'autres parlent de magie.

Le Premier, c'est un immense dragon que toutes les valeurs de mesure sur terre ne sauraient expliquer. Une présence indescriptible, apparue miraculeusement. Un dragon universel, armés de toutes les capacités pour détruire la terre, mais son choix s'est étrangement porté à sa préservation.

Corrélativement, sa présence est le point de départ des premières apparitions de dragons vues par nos ascendants. A présent, ont sait qu'un dragon va être lié à un Dragonnier ou une Dragonnière dès que des aurores boréales apparaissent dans le ciel le soir ou la nuit. On les appelle encore les « Nuits du Feu ».

Personne n'a jamais vu le Premier, mais on le pointe du doigt lorsqu'il s'agit de trouver le responsable de l'apparition des ces dragons sauvages. On pensait même à une calamité, jusqu'à ce qu'on se rende compte que ces dragons sauvages ne le restaient pas éternellement : le premier à s'être fait attribuer un dragon n'est plus vivant pour en témoigner, mais depuis ce jour, un dragon peut être attribué à un humain par le Premier, d'un jour à l'autre. Depuis des décennies que ce phénomène se produit, on sait désormais que le lien entre un Premier et son dragon est indissoluble quand bien même ils ne s'entendraient pas. Mais on ignore encore les raisons qui poussent le Premier à faire ce geste.

Les légendes et rares contes écrits que l'on peut trouver sur lui décrivent un dragon haut comme une montagne, et aussi long que la Muraille de Chine. Les générations actuelles se doutent que c'est un peu exagéré, mais les dessins font du Premier un dragon chinois aux dimensions incroyables, et aux écailles variant selon la lumière.

Il a fallu des décennies avant que l'espèce humaine ne s'habitue à la présence des dragons. Les plus sauvages d'entre eux pillent les quelques fermes qui ont peiné à se construire et s'établir, d'autres ont refusé pendant longtemps d'adresser la parole à leur Premier quand bien même ils étaient liés. Pire : les humains non-liés voyaient (et certains voient encore) ces apparitions d'un très mauvais oeil.

En quelques temps, la jeune société recrée de toutes pièces s'est acclimatée à l'existence des dragons : les villes ne sont plus construites en hauteur, des sous-terrains édifiants ont été créé par les plus ingénieux d'entre nous, et un système sociétaire divisé en 5 Maisons a été créé afin de faire régner l'ordre et la paix en ces temps troublés (cf. post suivant sur les 5 Maisons).

Ce n'est qu'à présent que les relations se pacifient et qu'un accord tacite pour la survie a été conclu entre les deux espèces. Mais un accord peut si facilement se briser.

Peut-être qu'il s'agit d'une erreur de jugement. Peut-être que l'Homme en question a trop facilement mis un pied de nez à la confiance du Premier, quand ce dernier a attribué le dragon à son Premier. Cet homme était trop vil. Trop ambitieux. Et peut-être déjà trop défiant à l'égard de ces croyances et de ce "père créateur" qu'il n'a jamais admis. Forcé de reconnaître l'existence et la cohabitation avec les dragons, cet Homme nommé Khal s'est mis en tête de faire trembler l'espèce des dragons, et d'essayer de tuer n'importe lequel se trouvant sur sa route.

Originellement, ce dragon, nommé Alrauch n'avait pas de dent contre l'espèce humaine, et appréciait seulement dérober quelques moutons par-ci par-là dès qu'il avait un petit creux, ce qui lui a d'ailleurs valu un joli trou dans l'aile d'un éleveur un peu téméraire. Sauf que son lien avec Khal a modifié son tempérament, et a fait de lui une véritable arme de destruction massive. Contrairement à la grande majorité des Dragons attribués à un premier ou une première, Alrauch a vu sa taille doubler en une poignée d'année, et atteint aujourd'hui des records. On raconte que dès qu'une ombre noire à l'horizon se dessine, il faut se terre dans les refuges pour ne pas être avalé par ses flammes.

Aujourd'hui, la société, humains comme premiers, luttent ensemble contre ce fléau, tout en essayant de garder leurs ressources à l'abri des dragons sauvages qui n'ont pas été attribués. Et pour ce faire, ils ont été obligés de créer un nouveau modèle de survie.

Le modèle des 5 Maisons.